Qui sommes-nous devenus après ce détour par lequel notre monde social a été réduit à sa médiatisation ? Ou plutôt comment allons-nous apparaître au monde maintenant ? Et comment notamment allons-nous donner à l’entre une nouvelle place ?
Si « le rapport à nous même ne peut se réaliser d’abord que dans la relation extérieure aux autres » [1], la rencontre reformulée avec nos pairs, nos confrères, nos collaborateurs et nos organisations va éclairer autrement le regard que nous portons sur nous. Notre valeur et notre place, nos mouvements sont réinterrogés.
Acceptons le défi de reprendre en route une histoire individuelle de l’autre qui nous échappe, chacun ayant eu un temps long pour « se voir vu » par ses proches depuis un ailleurs, celui de l’oikos, la maisonnée, et en être encore imprégné.
Que ce soit pour nous l’occasion d’un ouvert maintenu de « l’entre en tant que clairière de l’être-soi de l’autre » pour reprendre les mots du psychiatre japonais Ben Kimura.
Quel « milieu commun » allons- nous trouver mais également participer à construire alors que le risque de contact est omniprésent dans nos relations professionnelles ? La « proportion saine » sur le plan psychique entre « distanciation par repli sur soi » et « identification par sortie hors de soi » devient alors un défi, une forme de dépassement qui pourrait nous introduire à une autre maturité.
Et si cette période difficile était l’occasion de repenser les instants de rencontre comme des temps précieux qui nous rendent présents à nous-même, une disposition (befindlichkeit) à trouver de la fluidité et de l’oxygène au-delà des multiples contraintes qui s’imposent ?